Sucreries cinghalaises et tamoules du Nouvel An au Sri Lanka
Sucreries cinghalaises et tamoules du Nouvel An au Sri Lanka Les célébrations du Nouvel An sri-lankais, cinghalais et...
Lorsque j’étais adolescente, j’ai été fascinée par la lecture du livre de Marc Boulet : Dans la peau d’un Intouchable. Ce journaliste anglais y racontait alors…
Varanasi
Lorsque j’étais adolescente, j’ai été fascinée par la lecture du livre de Marc Boulet : Dans la peau d’un Intouchable. Ce journaliste anglais y racontait alors son expérience physique et psychologique durant laquelle il avait vécu comme un Intouchable à Varanasi, ville de l’Uttar Pradesh située au bord du Gange, plus connue en français sous le nom de Bénarès. Dans la hiérarchie sociétale hindoue, les Intouchables constituent la caste la plus basse. De ce livre, j’avais conservé de Bénarès une vision mystique et particulièrement coupée de toute réalité, en tout cas, des miennes. Installée en Inde depuis quelques mois, j’ai donc décidé de m’y rendre en février 2012 afin de mêler des émotions personnelles à une aventure littéraire.
Sadhû au bord du Gange
Au départ de New Delhi, le voyage commence à la gare, c’est en effet un train de nuit qui nous conduira, mon amie et moi, jusqu’à l’une des villes les plus sacrées de l’Hindouisme. Les Hindous pensent en effet que leur prochaine vie dépendra de leur conduite dans leur vie actuelle. Mourir à Bénarès permettrait de mettre un terme au cycle des réincarnations et laisserait enfin leur âme accéder au nirvana. Ainsi des dizaines de corps sont brulés chaque jour sur les rives du fleuve sacré, le Gange, dans lequel les dépouilles sont ensuite immergées. Disons simplement, que la mort et Varanasi ont des relations assez fortes.
Située au bord du Gange, Varanasi est donc un haut lieu de pèlerinage pour les Hindous qui cherchent la purification par les ablutions dans le fleuve sacré. Une petite citation trouvée dans le Guide du Routard à propos du Gange résume assez bien ma première impression : « Aucun microbe qui se respecte ne saurait vivre dans une eau pareille » (Mark Twain). Tout est dit. Concrètement, le mot le plus approprié selon moi serait contamination et non purification…mais bon on ne va pas chipoter…
Les ghâts de Varanasi
Au bord du Gange, les ghât désignent des escaliers qui descendent dans le fleuve plus ou moins bas selon son niveau et sont le lieu des ablutions. Hommes et femmes y viennent tout au long de la journée pour prier « Mother Ganga », la déesse du fleuve. Parmi les autres « activités » de ces quais, ils servent aussi de lavoir à ciel ouvert et avant tout un lieu de crémation. Il faut 350 kg de bois pour bruler un corps entièrement. Mais mourir à Bénarès est coûteux et les plus pauvres n’ont pas les moyens d’acheter assez de bois, offrant les restes du corps non-brulés au Gange.
Dans la logique des castes indiennes, 6 catégories de personnes sont considérées comme déjà pures et n’ont pas besoin d’être brulées : les sâdhus, les femmes enceintes, les enfants de moins de 9 ans, les personnes atteintes de la variole, les lépreux et les victimes de morsures de serpent. Autrement dit, ces 6 catégories ne sont pas brulées mais simplement « déposées » sur le Gange. Cela explique les histoires de corps flottants…
C’est assez étrange, mais j’ai l’impression de décrire tout cela avec un certain détachement malgré les choses assez dures que j’ai pu observer. J’avais beaucoup d’images insupportables de Varanasi avant d’y aller et puis finalement sans pouvoir vraiment l’expliquer, malgré l’aspect religieux et sépulcral, je m’y suis très vite sentie à l’aise. Comme-ci l’eau apaisait l’atmosphère mystique voire fanatique du lieu.
Cet endroit fait vraiment prendre conscience de l’omniprésence de la religion en Inde et de leur conception éphémère de la vie. Dans quelques heures, ce corps qui brule n’existera plus et pourtant la tristesse n’est pas visible, il y a comme un détachement. Les femmes ne sont d’ailleurs pas présentes sur les lieux de crémation car leurs larmes empêcheraient l’âme de s’élever correctement vers le nirvana…
Lever de soleil sur Varanasi
Dans cette ville, on se prend vite pour un japonais, à tout prendre en photo. Parfois on peut avoir l’impression d’un Disneyland religieux mais bon, je crois qu’au fond je m’attendais à pire ! Varanasi connait une vie très bien rythmée. La ville s’éveille à l’aube, lorsque le soleil n’est pas encore levé et que des dizaines de bateliers conduisent des voyageurs mal réveillés sur le Gange. Les barques font des aller-retour dans le calme matinal de la ville. Une fois la difficulté du réveil passée, j’ai particulièrement apprécié la balade en bateau à 6h du matin, pour voir la ville se réveiller avec les couleurs du soleil levant. Même le chaï (thé indien à base de lait, de cardamone et diverses autres épices) avait quelque chose de magique.
Au lieu de crémation, les bûchers brûlent déjà. Les barques ne peuvent pas trop s’approcher et c’est peut-être mieux ainsi.
Pour décrire le reste de ma journée, je dirai qu’à la différence de certaines villes du Rajasthan, il n’y a pas beaucoup de choses à faire à Varanasi. Pas grand-chose, si ce n’est observer, prendre le temps de discuter avec des sadhûs et des pèlerins, toujours prêts à vous expliquer plein de choses (ou à vous vendre quelque chose…), manger, se reposer… Et c’est sans parler des temples à visiter, des ruelles où se perdre, des milliers de saris à acheter…
Coucher de soleil sur le Gange
Le soir venu, le rendez-vous est donné sur les principales ghâts de la ville. Ici, prend place chaque soir, l’aarti : la cérémonie d’offrande au fleuve sacré. Chaque soir, des centaines de personnes, curieux ou fidèles, se rassemblent sur les ghâts pour observer l’exécution des rituels par des prêtres. Un moment fort, bercé de lumières et de chants envoutants, idéal pour clore ce week-end dans la cité sacrée de l’Hindouisme, après avoir donné vie à l’aventure littéraire idéalisée pendant mon adolescence.
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