4 Mars 2018

Nyepi, le Nouvel An Balinais

Il est 20 heures. Pas un bruit. Les rues sont désertes. Dans ce quartier de Kuta d’habitude si animé règne ce soir une ambiance bien…

Préparation des célébrations à la balinaise

Il est 20 heures. Pas un bruit. Les rues sont désertes. Dans ce quartier de Kuta d’habitude si animé règne ce soir une ambiance bien singulière. Ville fantôme. Aucune lumière n’est allumée. Aucune voiture, aucun scooter, aucun camion n’est en mouvement. Aucun avion ne décolle ni n’atterrit, l’espace aérien est fermé. Le silence couvre de ses gants de coton l’île toute entière. Les démons rôdent intrigués par le vacarme de la veille. Nous sommes au jour de l’an 1935, c’était il y a 7 mois. Bali fêtait Nyepi.

Le festival de Nyepi : le jour du silence

De toutes les fêtes et tous les festivals à Bali, Nyepi reste le plus intriguant. Le festival de Nyepi est aussi connu sous le nom du nouvel an Saka. Le calendrier Saka à 78 ans d’écart avec le calendrier Grégorien et la date du nouvel an étant un jour de pleine lune, elle change donc chaque année. Nyepi est un jour de silence et de recueillement. Il est interdit d’allumer un feu, lumière, ou quoique ce soit d’électrique. Il est interdit de travailler. Il est interdit de sortir dehors. Certain Balinais observent également le jeûne. Pour les touristes et les voyageurs, interdiction de sortir des hôtels. L’aéroport de Denpasar est fermé et l’espace aérien est clos.

Deux jours avant Nyepi débutent des processions vers l’océan, connues sous le nom de Melasti. Villageois et villageoises se rendent à pied en bord de mer, lacs, ou sources d’eau afin de purifier des reliques des temples. Ils sont habillés tout de blanc et marchent parfois par centaines sur les chemins bordant les rizières, sur les routes sinueuses et sur les plages de Bali. Lors de ces processions et cérémonies certains Balinais entrent en transe.

Pegrupukan : l’appel aux démons balainais

La foule profite des festivités avant le silience total

La veille de Nyepi, lors de la journée appelée Pengrupukan, les ogoh-ogoh sont de sorti dès la tombée de la nuit. Les ogoh-ogoh sont de grandes effigies d’êtres mythologiques et de démons faites de papier mâché et peintes à la main. Ils ont de grands yeux, symboles du voyeurisme, de grands ventres, symbole de gourmandise, de grandes canines et de grands ongles, symbole de violence. Dans un tonnerre assourdissant les ogoh-ogoh défilent dans les rues de Bali la veille du jour du silence, porté par 20 à 30 hommes ébrouant les monstres sur des montures de bambous. Les tambours grondent, les cymbales résonnent, les pétards claques, les Balinais s’agitent dans des processions fracassantes. Les ogoh-ogoh finissent leur marche rugissante sur le bûcher. Ce vacarme a pour but d’attirer les démons. Intrigués par tout ce bruit ils descendent dans les rues de Bali.

Ils ne vont trouver personne. Car c’est déjà Nyepi et chacun est chez soi. Alors ils vont tendre l’oreille. Ils ne vont rien entendre, car tout le monde se tait. Ils vont regarder par-dessus les clôtures mais ne vont rien voir, car toutes les lumières sont éteintes. Alors ils vont repartir n’ayant rien à se mettre sous la dent et Bali est tranquille pour l’année à venir.

Parait-il que le jour de Nyepi, même les animaux se taisent. Les coqs se retiennent de chanter et les chiens d’aboyer. Un homme éternue et c’est Bali qui frémit. N’y a-t-il pas plus belle ode à la vie que de rendre sa voix à la nature. De la laisser porter à nos oreilles ses paroles si douces. Le crissement des feuilles caressées par le vent, le ruissellement de l’eau courant jusqu’à la mer. Et puis ces parfums qu’on a presque oubliés, les effluves de la terre, les fragrances des fleurs et les embruns marins.

Le silence nous rappelle tant de choses. On s’assoie. On médite. On observe. On respire. On écoute. On s’écoute.

Les dates des prochaines célébrations :